ABIDJAN - Fermées après la sanglante crise politique ivoirienne de 2010-2011, les universités d`Abidjan font peau neuve et s`apprêtent à rouvrir le 3 septembre, pour rompre avec des années qui ont vu le temple du savoir se transformer en école de la violence.
Sur le campus de Cocody (quartier chic du nord d`Abidjan), rebaptisé du nom du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, des ouvriers s`affairent encore en vue du jour J. Mais le site, immense, est déjà impressionnant, avec ses amphithéâtres et ses logements flambants neufs et ses grands terrains de sport.
Rien à voir avec le spectacle qu`offrait cette université aux bâtiments ravagés en avril 2011, au sortir d`une crise postélectorale de quatre mois qui s`est conclue par deux semaines de guerre et a fait quelque 3.000 morts. Tout juste arrivé au pouvoir, le président Alassane Ouattara avait décidé de fermer les deux universités de la capitale économique pour engager des travaux d`envergure.
"Ce n`est pas une simple réhabilitation. Nous avons été obligés de faire la reconstruction parce que tout avait été pillé, cassé et vandalisé", explique à l`AFP le ministre de l`Enseignement supérieur, Ibrahima Cissé Bacongo.
Les travaux, qui concernent les cinq facultés du pays, coûteront au total "100 milliards de francs CFA (150 millions d`euros), l`équivalent de trois universités neuves", souligne-t-il.
Pour plus de 80.000 étudiants, la rentrée "va marquer un départ nouveau, une rupture totale avec le passé", affirme-t-il.
Selon M. Bacongo, "les étudiants étaient manipulés, instrumentalisés par l`ancien régime de Laurent Gbagbo (tombé en avril 2011, ndlr) et avaient développé la violence en milieu universitaire".
En cause: la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire (Fesci), syndicat tout-puissant et allié du régime Gbagbo durant la décennie 2000.
Syndicat étudiant ou "association mafieuse"
Considérée comme responsable de multiples violences et d`un racket généralisé, la Fesci faisait régner la terreur sur les campus. M. Gbagbo lui-même avait parlé d`une "association mafieuse".
Le syndicat étudiant n`a pas été dissous, comme cela avait été un temps envisagé, mais il a été marginalisé par le pouvoir à la faveur de la fermeture des universités d`Abidjan.
Son secrétaire général Augustin Mian fait contre mauvaise fortune bon coeur et assure qu`après "de grands moments de doutes", le mouvement saura "s`adapter aux nouvelles exigences". "Pour le bonheur de l`école, il faut que la quiétude et la sérénité reviennent à l`université", plaide-t-il.
Mais la fermeture des universités a aussi suscité des tensions: le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, a parlé d`une "mise à mort" de l`enseignement supérieur.
"On ne ferme pas une université", s`indigne le professeur Dédy Séry, proche du FPI. "C`est comme si on décapitait l`avenir du pays", tonne ce sociologue, enseignant à l`université de Cocody, dénonçant un "crime culturel".
D`après lui, le régime Ouattara s`est aussi livré à une "chasse aux sorcières" parmi les professeurs, alliés traditionnels du camp Gbagbo.
Par ailleurs, l`augmentation récente des frais d`inscription, passés de 6.000 FCFA (9 euros) à 100.000 FCFA (150 euros) pour le premier cycle, a soulevé un tollé, jusqu`à ce que le tarif soit révisé à 30.000 FCFA (45 euros).
Le contrat - de gré à gré - signé pour la rénovation des universités a enfin fait jaser. M. Ouattara a ordonné une enquête sur les "conditions d`attribution" du marché pour Abidjan et a limogé le directeur financier du ministre Bacongo pour "problèmes de gouvernance" lors des travaux. Beaucoup critiquent le coût de ce chantier, qui a plus que doublé en quelques mois.
Pour Eric Ahizi, 22 ans, étudiant en science économique, la prochaine rentrée met fin en tout cas à "un vrai cauchemar": "il me restait une année pour terminer avec la maîtrise et me lancer sur le marché du travail, aujourd`hui très saturé". Il se dit pressé de rejoindre les nouveaux locaux, de "belles réalisations" qu`il faudra toutefois "entretenir".
Sur le campus de Cocody (quartier chic du nord d`Abidjan), rebaptisé du nom du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, des ouvriers s`affairent encore en vue du jour J. Mais le site, immense, est déjà impressionnant, avec ses amphithéâtres et ses logements flambants neufs et ses grands terrains de sport.
Rien à voir avec le spectacle qu`offrait cette université aux bâtiments ravagés en avril 2011, au sortir d`une crise postélectorale de quatre mois qui s`est conclue par deux semaines de guerre et a fait quelque 3.000 morts. Tout juste arrivé au pouvoir, le président Alassane Ouattara avait décidé de fermer les deux universités de la capitale économique pour engager des travaux d`envergure.
"Ce n`est pas une simple réhabilitation. Nous avons été obligés de faire la reconstruction parce que tout avait été pillé, cassé et vandalisé", explique à l`AFP le ministre de l`Enseignement supérieur, Ibrahima Cissé Bacongo.
Les travaux, qui concernent les cinq facultés du pays, coûteront au total "100 milliards de francs CFA (150 millions d`euros), l`équivalent de trois universités neuves", souligne-t-il.
Pour plus de 80.000 étudiants, la rentrée "va marquer un départ nouveau, une rupture totale avec le passé", affirme-t-il.
Selon M. Bacongo, "les étudiants étaient manipulés, instrumentalisés par l`ancien régime de Laurent Gbagbo (tombé en avril 2011, ndlr) et avaient développé la violence en milieu universitaire".
En cause: la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire (Fesci), syndicat tout-puissant et allié du régime Gbagbo durant la décennie 2000.
Syndicat étudiant ou "association mafieuse"
Considérée comme responsable de multiples violences et d`un racket généralisé, la Fesci faisait régner la terreur sur les campus. M. Gbagbo lui-même avait parlé d`une "association mafieuse".
Le syndicat étudiant n`a pas été dissous, comme cela avait été un temps envisagé, mais il a été marginalisé par le pouvoir à la faveur de la fermeture des universités d`Abidjan.
Son secrétaire général Augustin Mian fait contre mauvaise fortune bon coeur et assure qu`après "de grands moments de doutes", le mouvement saura "s`adapter aux nouvelles exigences". "Pour le bonheur de l`école, il faut que la quiétude et la sérénité reviennent à l`université", plaide-t-il.
Mais la fermeture des universités a aussi suscité des tensions: le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, a parlé d`une "mise à mort" de l`enseignement supérieur.
"On ne ferme pas une université", s`indigne le professeur Dédy Séry, proche du FPI. "C`est comme si on décapitait l`avenir du pays", tonne ce sociologue, enseignant à l`université de Cocody, dénonçant un "crime culturel".
D`après lui, le régime Ouattara s`est aussi livré à une "chasse aux sorcières" parmi les professeurs, alliés traditionnels du camp Gbagbo.
Par ailleurs, l`augmentation récente des frais d`inscription, passés de 6.000 FCFA (9 euros) à 100.000 FCFA (150 euros) pour le premier cycle, a soulevé un tollé, jusqu`à ce que le tarif soit révisé à 30.000 FCFA (45 euros).
Le contrat - de gré à gré - signé pour la rénovation des universités a enfin fait jaser. M. Ouattara a ordonné une enquête sur les "conditions d`attribution" du marché pour Abidjan et a limogé le directeur financier du ministre Bacongo pour "problèmes de gouvernance" lors des travaux. Beaucoup critiquent le coût de ce chantier, qui a plus que doublé en quelques mois.
Pour Eric Ahizi, 22 ans, étudiant en science économique, la prochaine rentrée met fin en tout cas à "un vrai cauchemar": "il me restait une année pour terminer avec la maîtrise et me lancer sur le marché du travail, aujourd`hui très saturé". Il se dit pressé de rejoindre les nouveaux locaux, de "belles réalisations" qu`il faudra toutefois "entretenir".
Source de la photo et de l'article : abidjan.net